
L’hydrogène vert à portée de main en Côte d’Ivoire
En ce début de 21e siècle, dans tous les domaines essentiels à l’existence humaine, les signaux vont dans la même direction pour réaffirmer une évidence à la fois simple et incontestable : « désormais l’enjeu n’est plus de protéger seulement notre environnement, mais bien d’assurer la pérennité des conditions de vie, de garantir la durabilité dans toutes ses dimensions ».
Dès lors, un autre rapport au monde qui nous entoure s’impose dans l’ensemble de nos activités : « Co-construire l’Avenir que nous voulons sur la base de l’équité intergénérationnelle et de la Juste Transition. » C’est précisément ce virage profond vers un avenir plus optimiste et résilient que propose la Transition Ecologique.
En effet, la Transition écologique est un processus qui vise à transformer nos modèles de production et de consommation afin de répondre aux défis environnementaux actuels. Elle vise à assurer la résilience de notre système planétaire et à aboutir à une société garantissant de manière durable, équitable et sûre, les ressources vitales, la justice, le progrès social et une qualité de vie.
C’est avec raison que le Gouvernement s’impose l’inscription dans la Transition vers une économie « décarbonéee » ou « bas carbone » par l’adoption des pratiques durables afin de bâtir un avenir résilient, juste et respectueux de l’environnement.
La transition écologique est également un moteur pour relancer une économie novatrice, responsable et durable, créatrice d’emplois, de savoir-faire et de métiers d’avenir. La promotion des énergies renouvelables devient par voie de conséquence, un axe fondamental de la stratégie nationale de la transition écologique du gouvernement. La promotion de l’hydrogène vert, chaînon manquant de nos sources renouvelables devient une réalité grâce à l’expertise nationale qui s’amplifie progressivement.
A) Hydrogène vert : définition
L’hydrogène vert est de l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables telles que l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’hydroélectricité, la biomasse, la géothermie. L’hydrogène vert est un vecteur énergétique servant d’alternative aux hydrocarbures fossiles et comme un levier pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre de certains secteurs (industrie, transports, agriculture, etc.).
B) Quel mécanisme de production de l’hydrogène vert ?
Pour produire de l’hydrogène vert, on utilise généralement un électrolyseur ou un gazéifieur.
En résumé, dans un électrolyseur, on fait passer un courant électrique dans de l’eau afin de séparer les molécules d’hydrogène et les molécules d’oxygène de l’eau. Pour être qualifié de « vert », « bas carbone » ou « renouvelable », l’électricité utilisée doit alors provenir de sources renouvelables, ou dans certains cas, de sources bas carbone non-renouvelables (comme l’énergie nucléaire).
Dans un gazéifieur, la biomasse (déchets agricoles, résidus forestiers, etc.) est chauffée à haute température (généralement entre 700 et 1000°C) en présence d’un agent gazéifiant (vapeur d’eau, oxygène, ou air) dans un gazéifieur pour produire un gaz de synthèse riche en hydrogène. Ce gaz est ensuite purifié pour extraire l’hydrogène.
L’hydrogène qualifié de « renouvelable » est de l’hydrogène produit à partir de biomase, d’électricité renouvelable, mais aussi à partir d’un mix électrique « bas carbone » (à moins de 64.8 g de CO2/kWh).
C) DE LA NECESSITE DE L’HYDROGENE VERT.
L’hydrogène ainsi produit peut alors être stocké et utilisé comme un « vecteur énergétique » dans différentes applications.
- Par exemple, on peut utiliser l’hydrogène dans une pile à combustible, qui servira ensuite à alimenter un moteur électrique : c’est sur ce principe que fonctionne la voiture à hydrogène. Certains prototypes d’avions à hydrogène pourraient aussi utiliser le modèle de la pile à combustible (notamment pour les vols moyenne distance).
- On peut aussi utiliser l’hydrogène pour remplacer les énergies fossiles dans des applications industrielles. Dans la sidérurgie, l’hydrogène vert peut ainsi remplacer en partie le coke de charbon pour les opérations de réduction de l’oxyde de fer.
- L’hydrogène peut aussi remplacer les énergies fossiles en tant que carburant ou source d’énergie. Toujours dans la sidérurgie, l’hydrogène vert peut être utilisé dans les hauts fourneaux à arcs électriques comme vecteur énergétique. Dans l’aviation, il pourrait permettre d’alimenter des moteurs à combustion.
- L’hydrogène est utilisé en raffinerie de pétrole dans le procédé d’hydrocraquage
- L’hydrogène est utilisé pour stocker l’énergie à grande échelle. C’est un remarque vecteur énergétique qui assure un stockage d’énergie permanent, durable et rentable sur le long terme.
- L’hydrogène est utilisé dans les opérations médicales des maladies comme la tumeur et le cancer
- L’hydrogène est utilisé dans la fabrication de médicaments en industrie pharmaceutique, dans la fabrication de protéines
- L’hydrogène est utilisé pour alimenter les véhicules légers et lourds
- L’hydrogène est utilisé au niveau agricole pour la fertilisation des sols sous forme d’ammoniac
- L’hydrogène est utilisé pour produire l’électricité grâce à des groupes électrogènes bas carbone et avec un coût de revient plus intéressant que les groupes électrogènes conventionnels (diesel, essence).
- La production d’hydrogène permet également de capter et de réutiliser le CO2 propre dans plusieurs secteurs industriels.
E) PRODUCTION DE L’HYDROGENE VERT DANS LE MONDE.
Dans le monde, la Chine est le plus grand producteur d’hydrogène, suivie du Japon et des États-Unis. Mais globalement, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en 2024, moins de 2% de l’hydrogène produit dans le monde était « vert », c’est-à-dire produit à partir de l’électrolyse de l’eau ou de la gazéification avec de l’énergie renouvelable. Cependant, l’AIE prévoit que la production d’hydrogène vert devrait augmenter considérablement au cours des prochaines décennies, pour atteindre environ 20% de la production mondiale d’hydrogène en 2050. Parmi les pays les plus en avance dans le développement de l’hydrogène vert, on trouve notamment l’Union Européenne, le Japon, l’Inde, la Corée du Sud.
· LE DEVELOPPEMENT DE L’HYDROGENE VERT EN AFRIQUE
De nombreux projets d’hydrogène vert sont en phase d’étude dans plusieurs pays d’Afrique tels que :
– Le Maroc : le projet pilote de production d’hydrogène vert au Maroc entrera en service à partir de 2026. La plateforme, dans la région de Guelmim-Oued Noun, assurera une production de 10.000 tonnes d’hydrogène vert par an
– Le Nigeria : Le Nigeria s’engage dans un projet ambitieux d’hydrogène vert de 7.9 milliards de dollars, visant à développer une infrastructure de production d’hydrogène vert dans l’État d’Akwa Ibom. Ce projet, développé en partenariat avec LONGI et APPL Hydrogen Limited (AHL), prévoit la production annuelle de 1,2 tonnes de méthanol vert, un dérivé de l’hydrogène vert. Le méthanol produit sera principalement destiné à l’exportation, mais servira également à la production d’oxygène médical et de dioxyde de carbone de qualité alimentaire.
– La Namibie :
o Hyphen Tsau Khaeb: Ce projet, soutenu par l’Allemagne, prévoit une production de 350 000 tonnes d’hydrogène vert par an, avec un objectif de 3 GW d’électrolyseurs. Il représente un investissement d’environ 10 milliards de dollars et vise à pallier 5 à 6 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an.
o HyIron: Ce projet, axé sur la production de fer vert à partir d’hydrogène vert, implique l’implication de PME namibiennes et la création d’emplois. Il est également lié au Mémorandum d’entente UE-Namibie sur l’hydrogène vert et les matériaux durables.
o Centrale d’hydrogène vert de Swakopmund:Une centrale de 85 MW alimentée par l’énergie solaire produira de l’hydrogène vert et de l’électricité décarbonée, avec une production annuelle de 142 GWh.
o Daures Green Hydrogen Village: Ce projet vise à démontrer la production d’engrais à faible émission de carbone en utilisant de l’hydrogène vert.
o Cleanergy Solutions Namibia: Une joint-venture entre CMB.TECH et le groupe Ohlthaver & List (O&L), qui a inauguré la première station à hydrogène vert de Namibie en 2024. Cette centrale, développée par HDF Energy, utilise l’énergie solaire pour produire de l’hydrogène vert, qui sera ensuite stocké pour produire de l’électricité décarbonée. Le projet, d’un montant de 181,25 millions de dollars, vise à produire 142 GWh d’électricité par an, l’équivalent de la consommation de 142 000 habitants.
– Et bien d’autres pays tels que la Mauritanie s’engagent dans la promotion de l’hydrogène vert.
La carte ci-dessous répertorie les projets d’hydrogène en cours de conception, de construction et d’exploitation en Afrique.
En Côte d’Ivoire, l’hydrogène fait ses premiers pas dans la formation d’une communauté locale servant de ressources locales pour la réalisation de projets d’hydrogène.
– l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB) : à cet effet, le cabinet SICCOGEN CI SARL U dont la Présidente Directrice générale, Mme Khadidiatou CAMARA, Experte en gestion, ingénierie, construction, mise en service, développements de projets hydrogène et formation en hydrogène en Europe accompagne l’INPHB dans leur projet de formation hydrogène à travers la fourniture d’équipements de formation sur l’ingénierie, la production, le stockage, la mise en service et la maintenance d’infrastructures hydrogène.
– L’université Félix Houphouët Boigny : il existe un Master Green Hydrogen à l’université Félix Houphouët Boigny en partenariat avec la coopération allemande depuis 2023 qui forme les étudiants dans chaque pays de la CEDEAO en Afrique dont en Côte d’Ivoire sur un semestre puis en Allemagne sur le second semestre de la formation. A cet effet, Khadidiatou CAMARA, directrice générale du cabinet SICCOGEN CI SARL U a également intervenu en tant que Formatrice des étudiants de la première promotion de ce Master Green Hydrogen en production d’hydrogène vert par électrolyse et pyrogazéification.
Khadidiatou CAMARA DGDDTE/MINEDDTE
L’hydrogène est non seulement une énergie complémentaire au mix énergétique mais aussi un vecteur énergétique indispensable et majoritaire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2100 d’après les études réalisées par l’Agence Internationale de l’Energie et l’Agence Internationale pour les Energies Renouvelables (IRENA) et d’après une source du Fonds Monétaire International.
Gustave Aboua PhD.
La Direction Générale du Développement Durable et de la Transition Ecologique en collaboration avec la Direction générale de l’Energie et le cabinet SICCOGEN CI SARL U sont au laboratoire pour proposer une feuille de route de projets de déploiement d’hydrogène vert en Côte d’Ivoire.